Le Grand de Site de France Concors Sainte-Victoire abrite plusieurs espèces protégées de grands rapaces rupestres ou arboricoles : l’aigle de Bonelli, emblème des falaises calcaires de Provence, l’aigle royal seigneur des cimes alpines qui recolonise ses anciens territoires plus méridionaux, et enfin notre migrateur transsaharien, le circaète Jean-le-Blanc qui niche dans nos massifs forestiers à l’abri des regards. En 2023, quatre naissances ont été comptabilisées.
Naissance de deux circaetons Jean-le-Blanc
Ces naissances récompensent le travail de suivi du circaète réalisé par l’équipe du Grand Site. De nouveaux sites de reproduction de cette espèce très discrète ont été identifiés, tandis que certaines aires connues des années précédentes ont été abandonnées. Deux couples ont chacun donné naissance à un circaeton qu’ils ont nourri de serpents et autres lézards chassés dans les garrigues basses à chêne kermès.
Ces jeunes circaètes ont été bagués et équipés d’une balise GPS par Alexandre Millon (chercheur à l’IMBE Aix-Marseille-Université), afin de déterminer leur domaine vital et d’évaluer l’impact des éoliennes sur cette espèce avant qu’elle ne parte hiverner en Afrique subsaharienne. Après avoir pris leur envol sous l’œil averti des adultes qui les ont initiés à la chasse, il est temps pour eux de voguer vers d’autres horizons. Cette période d’erratisme sera semée d’embûches avant qu’ils ne trouvent un partenaire et un nouveau territoire de vie.
Le circaète Jean-Le-Blanc est un migrateur qui revient sur notre territoire à partir de fin février à fin mars pour se reproduire et qui retourne dans ses quartiers d’hivernage vers fin août/début septembre jusqu’à fin octobre. La fidélité au nid varie chaque année. Après avoir trouvé son partenaire, le couple construit son “aire” sur la branche d’un conifère (principalement pin sylvestre et pin d’Alep), dans un vallon tranquille, et élève un jeune par an. Il chasse dans les milieux ouverts, niche dans les massifs boisés et se nourrit principalement de reptiles (régime ophiophage).
Nourrissage du circaeton par le mâle © GSCSV A. Lautier
Naissance d’un aiglon de Bonelli
Chez l’aigle de Bonelli, en 2023, la reproduction n’a pas eu le même succès que l’année précédente. Un seul jeune aiglon est né et a été bagué dans la cadre du “programme personnel de baguage” porté par Cécile Ponchon (CEN PACA) sous contrôle du Centre de recherche sur la biologie des populations d’oiseaux du Muséum national d’Histoire naturelle (MNHN).
Ce faible taux de reproduction annuel se ressent malheureusement sur l’ensemble de la Région Sud pour différentes raisons parmi lesquelles le dérangement anthropique (essentiellement causé par les pratiquants de sports de pleine nature).
Naissance d’un aiglon Royal
Chez l’aigle Royal, un seul couple est connu sur le territoire que l’on partage avec le Parc Naturel Régional du Luberon puisqu’il a décidé de nicher sur une des rives de la Durance.
Cette année le couple a construit un nid arboricole (dans un pin d’Alep), comportement notable pour l’espèce car celle ci est habituée à nicher dans les hautes falaises et barres rocheuses des massifs de montagne. Ce dernier a donné naissance à un jeune aiglon (femelle) qui a été bagué en partenariat avec l’ONF et équipé d’une balise GPS par Christian Itty de l’association BECOT (baguage et études pour la conservation des oiseaux et de leurs territoires) dans le cadre de son programme de recherche pour l’étude biologique de l’espèce et de leurs domaines vitaux.