Le Grand Site participe au suivi de la loutre en lien avec la LPO
Trois agents du Grand Site Concors Sainte-Victoire ont été formés par des animateurs de la LPO pour assurer le suivi de la recolonisation de la loutre d’Europe (Lutra lutra) sur le territoire. Ainsi, depuis plusieurs semaines, ils ont pu observer des traces du mammifère : ce sont ses excréments qui trahissent sa présence.
Une espèce en déclin
Autrefois très répandue dans la région Sud, la loutre d’Europe y aurait totalement disparu dans les années 1990, bien que des observations laissent supposer qu’elle aurait pu subsister ponctuellement.
Au XXe siècle, l’espèce a en effet connu un déclin drastique en France si bien qu’à partir de 1972, sa chasse et son piégeage ont été interdits. L’espèce, protégée depuis 1981, a pu ainsi opérer un mouvement de recolonisation naturelle (sans programme de réintroduction). Cependant, la loutre demeure vulnérable à la dégradation de ses habitats menacés par l’urbanisme, l’agriculture intensive, ou encore les centrales hydroélectriques qui créent des ruptures de continuité. Les populations ont donc continué de diminuer, malgré l’interdiction de chasse et de piégeage, du fait de la destruction de leur habitat.
Bien que la situation se soit améliorée, l’état de conservation de la loutre d’Europe est donc jugé défavorable dans la région méditerranéenne, même si sa présence est confirmée. D’où l’importance de protéger l’espèce et son habitat…
Un plan national pour préserver l’espèce
Le Plan national d’actions en faveur de la loutre d’Europe, animé par la Société française pour l’Etude et la Protection des Mammifères, a été mis en place en 2010. Au niveau régional, il est mené par la LPO PACA. Il consiste en outre à réaliser un suivi de la recolonisation de la loutre. Différents observateurs et structures y participent au moyen de prospections de terrain. Il s’agit de réaliser une recherche des indices de présence dans une zone définie (maille).
Aujourd’hui, la première cause de mortalité de l’espèce est la collision routière, en partie due à la fragmentation de son habitat (création de ponts routiers sans passages adaptés à l’espèce, barrages, ouvrages hydrauliques…). C’est pourquoi il est nécessaire de prendre en compte l’espèce dans l’aménagement du territoire.
Des indices pour repérer cet animal discret
La loutre est très difficile à observer mais son passage laisse des empreintes de pas et des épreintes (crottes de loutre). Les épreintes se présentent sous forme de petits tas, souvent allongés, parfois légèrement cylindriques, de couleur verdâtre, noire ou grise (selon l’état de fraîcheur). Elles contiennent généralement des écailles et des arêtes de poissons. Leur odeur particulière est le meilleur critère pour les identifier. En effet, elles sentent le miel (de châtaignier) mêlé à un léger fumet de poisson. Les épreintes sont déposées sur les rives des cours d’eau, souvent sur une pierre, au pied d’un arbre, au niveau d’une confluence ou d’un pont, en quelque sorte au niveau de tout élément se distinguant du reste du paysage.
Un faible taux de reproduction
Le faible taux de reproduction de la loutre peut également expliquer son statut : 1 à 3 jeunes par an avec un faible taux de survie, une maturité sexuelle à partir de 3 ans et une espérance de vie moyenne de 5 ans…
Fiche d’identité
La loutre d’Europe est observée sur la partie nord du Grand Site Concors Sainte Victoire. Ce mammifère carnivore semi-aquatique de la famille des mustélidés, habituellement solitaire, occupe un territoire de 5 à 15km le long d’un cours d’eau. Elle creuse sa tanière, ou catiche, entre les racines des arbres situés sur les berges des cours d’eau ou dans des cavités rocheuses, des troncs creux, voire le terrier d’une autre espèce… Après une période de gestation de soixante jours environ, les femelles mettent bas de 1 à 3 petits loutrons. La loutre d’Europe se nourrit essentiellement de poissons, mais son régime alimentaire peut varier selon les saisons et s’adapte généralement aux ressources disponibles.
La loutre est considérée comme un bio-indicateur des rivières “sauvages” et d’une bonne qualité de l’habitat (pas forcément une bonne qualité de l’eau).
- Longueur : 100-130cm dont environ un tiers pour la queue
- Poids : 6 à 11kg
- Pelage : brun foncé, gris clair sur le cou et le ventre ; composé de 2 couches : le poil de bourre et le poil de jarre ; fourrure épaisse
- Cri : sifflement, cri perçant